Barokistania, la fin d’une belle aventure
Crée en 2017, le groupe Barok parcourt depuis des années les festoù-noz et autres festivals. Complices tant à la scène qu’au quotidien, ces 5 compères aiment à tenter de nouvelles expériences. Ça a été le cas avec l’aventure Barokistania, création qui intègre une section cordes et du chant qui a vu le jour en 2023. Après presque deux ans à faire danser, le groupe a décidé de reprendre sur scène leur formation initiale.
Rencontre avec Lomig Le Lu.
Bonjour, tout d’abord, peux-tu nous raconter comment est né Barok ?
Lomig Le Lu : A l’origine du groupe, il y a Gwenvael Le Moal au diato et moi au saxo. On jouait ensemble depuis notre enfance et à l’adolescence, on a commencé à travailler plus sérieusement notre répertoire, à jouer un peu plus souvent en fest-noz. On a très vite eu envie de s’entourer d’autres musiciens pour amplifier le spectre sonore du groupe : Ludovic Kernin à la contrebasse, Kaïs Rhaddouf au violon. On a commencé à tourner en quartet et au bout d’un an et demi ou deux, même si ça fonctionnait très bien, on trouvait qu’il nous manquait un poil d’énergie donc on a eu envie d’intégrer une percussion. Le davul apportait tout ce qu’on l’on recherchait : la simplicité, l’efficacité et un gros son. Alan Le Bozec qui joue du tapan (qui est exactement la même chose que le davul) était partant…
On a eu de la chance, à chaque fois qu’on a intégré un nouveau musicien, le contact humain a été immédiatement extraordinaire.
C’est important l’osmose relationnelle sur scène ?
OHH oui, c’est même primordial. Barok, c’est avant tout une aventure humaine et je ne pense pas me tromper si je dis pour certains d’entre nous, le relationnel humain compte plus que la musique.
Comment vous fonctionnez pour créer votre répertoire ?
On travaille en équipe. Notre répertoire est essentiellement basé sur des compositions que Gwen, Kaïs et moi apportons. Pour les arrangements et autres, on travaille collectivement. On étudie toutes les propositions et on ne valide que s’il y a consensus… Alors oui, parfois ça peut prendre beaucoup de temps, mais au moins à la fin, tout le monde est content ! Au départ, on choisit presque toujours la danse que l’on veut créer comme base. Après, on se laisse porter. Parfois ça finit en un patchwork de plein de petits bouts : une phrase composée par Gwen, une autre du contrebassiste Renaud Garcia Fons… ou une veille composition qui trainait depuis des années mais qu’on arrive à intégrer.
Vous avez eu assez rapidement du succès, non ?
En effet, assez vite on a eu énormément de propositions de dates et, étant donné qu’on est tous amateurs, ça devenait compliqué de les accepter toutes. Il fallait trouver un compromis entre musique et vie professionnelle et familiale donc on a commencé à bosser avec des remplaçants pour prendre le relai sur certaines dates. C’est à l’occasion d’un remplacement de Kaïs par Floriane Le Pottier que l’aventure Barokistania est née. Tout de suite humainement et musicalement ça a été incroyable…
Raconte-nous les étapes suivantes !
Quelques semaines après, le Festival Roué Waroch de Plescop nous a proposé de monter une création autour de Barok. On leur a proposé d’intégrer une section cordes au quintet habituel. On a donc contacté Aziliz Laudrin au violon, Mathilde Chevrel au violoncelle, puis Sterenn Toscer qui nous a rejoints également, au départ seulement pour intégrer le quatuor au violon mais vu ses qualités vocales, on lui a évidemment proposé de chanter.
On a donc fait notre première à Plescop, mais je crois que dès le départ, aucun d’entre nous n’envisageait que cette aventure prenne fin après ça. On a eu très vite des propositions de dates, la formule plaisait au public et aux organisateurs donc on a continué sans trop se poser de questions pendant plus de deux ans. On a dû faire une trentaine de dates finalement.
Comment expliques-tu ce succès ?
Je crois que le projet est tombé au bon moment. Alors même qu’on était assez demandés avec Barok, proposer une formule hors normes nous a ouvert des portes vers des événements de plus grande ampleur. Nous avions également décidé de mettre le quintet en sommeil pendant cette période, car on avait vraiment envie de faire tourner cette formule. Je pense également que les valeurs de mixité et de mis en avant de jeunes nouvelles étoiles du fest-noz ont aidé sans aucun doute à mettre la lumière sur ce projet.
Vous aviez créé un répertoire spécifique pour Barokistania ?
Non, on est partis du répertoire existant de Barok pour avoir une base de travail limpide au départ parce que travailler à 9, c’était compliqué. On a juste retravaillé sur les arrangements mais de manière collective, donc ça a pris beaucoup de temps. On a également créé deux morceaux tout neufs pour le concert du Roué Waroch et au cours des deux années, on a intégré deux nouvelles compositions.
Et on me dit dans l’oreillette que l’aventure va prendre fin ?
En effet, La dernière date officielle de Barokistania sera aux Vieilles Charrues à Carhaix en juillet. Je pense que ça va être un moment riche en émotions. Et puis, on continue d’avoir des propositions de dates donc je pense que 2025 sera une petite année de transition pour que le public et les organisateurs digèrent l’info.
En attendant, on va commencer à rejouer avec Barok dès le mois de mai, avec plein de nouveaux morceaux. On a décidé de prendre l’aide de Marine Leborgne comme chargée de production/communication pour nous soulager de la partie administrative qu’on n’aime pas trop. Comme ça, on reste focus juste sur le bonheur de jouer ensemble. On a vraiment hâte de se retrouver à cinq, de pouvoir rejouer dans des festoù-noz de plus petite ampleur. Avec Barok, on a l’habitude de jouer sur les remorques agricoles, chose qui était impossible avec un projet comme Barokistania.