Lors Landat, le chant des possibles

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Lors Landat, un nom bien connu dans le monde du fest-noz. Son humour, son originalité, son authenticité, sa capacité à passer du kan ha diskan au slam, du chant « métal » à la gwerz font de lui un acteur incontournable de la musique traditionnelle.
Rencontre.


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Des années que tu écumes les scènes de France et d’ailleurs avec un micro à la main. Peux-tu nous retracer ton parcours musical ?

Natif du Cambrésis, j’ai commencé à prendre des cours de breton à l’Amicale des Bretons de Nord à Lille. J’ai poursuivi par le chant avec Guy Thoumelin dans mes années universitaires. J’ai intégré ensuite le cercle celtique de Lille où, avec mon camarade Rémi Le Mauff, nous montons notre premier groupe en 1996, Chal ha Dichal avec des bretons expatriés à Lille et des nordistes passionnés de Bretagne…Parallèlement, je multiplie les allers-retours en basse-Bretagne pour participer à des stages et commencer un peu de collectage.

Depuis une quinzaine d’années, tu participes à tout un tas de projets musicaux. Dis-nous en plus.
Au début des années 2000 c’est avec le groupe Arsa ! que je commence les festoù-noz, avec Kaouad ensuite tout en jouant parallèlement pour le Cercle Korollerien Laïta de Clohars-Carnoët. En fait, je n’ai jamais arrêté. Assez clairement, Le fil conducteur de mon parcours ce sont les relations que l’on noue, parfois le hasard : le pote d’un pote qui aime bien ta personnalité, le timbre de ta voix et te propose un truc. J’aime bien les défis, arriver à me surprendre… ça apporte toujours quelque chose. C’est d’ailleurs pour avoir participé à l’oratorio Tremar de Didier Dréau et à la première mouture du Sylvain Barou Project que m’est venue l’envie de créer le Kakoull Kolektif en 2007 et de commencer à rédiger mes propres textes ce qui m’a servi par la suite quand j’ai travaillé pour les Bagadoù de Saint-Malo, de Quimperlé et de Penhars.

Pourquoi cette envie de chanter en breton ?
J’ai suivi les traces du cerf blanc, comme on dit chez moi ! En fait, j’ai su très vite que je voulais faire ma vie autour du breton, c’est une langue dont je suis tombé amoureux tout de suite. C’est un élément fondamental pour moi. Cela fait 20 ans que cette langue fait partie de mon quotidien et je me souviens très bien la première fois où, en écoutant Radio Bro-Gwened, j’ai réalisé que je comprenais : c’était en 1996 ! Depuis j’essaie de m’améliorer, de peaufiner l’écrit et de soigner ma prononciation : c’est un apprentissage perpétuel.

Tu es un peu un touche à tout. Qu’est-ce qui te guide ?
L’envie, le goût de la découverte… Il me semble. J’ai eu l’opportunité très rapidement de donner des cours de chant dans le pays de Lorient à Amzer Nevez ou à l’Ecole de musique de Guidel, ce qui m’a permis d’avoir un regard réflexif sur mon chant, sur les répertoires qui me touchaient et que je voulais transmettre. Il faut dire que j’ai eu la chance d’avoir des compères de qualité comme Kristen Nikolaz, Eric Menneteau et bien d’autres (qu’ils me pardonnent )… Bref, je me nourris de toutes ces expériences, j’aime apprendre et créer des choses parfois inattendues. J’ai toujours fait de la musique à danser dans des groupes musicaux où le chant n’est qu’un instrument parmi les autres. Je continue à penser que la voix, au-delà du défilé narratif, doit apporter quelque chose de plus.

Depuis presque 10 ans, ta « carrière » explose. Comment tu expliques cela ?
Opala ! Pas de carrière en ce qui me concerne ! Juste la grande chance de mener mes choix artistiques, sans concession, le tout juste guidé par le « plijadur » ! C’est un effet d’entonnoir qui fait, me semble t-il, qu’on croit me voir plus ces derniers temps. Depuis 2008, j’ai multiplié les projets, je n’ai jamais refusé un remplacement dans un groupe de fest-noz ou une participation amicale sur un disque ou pour un spectacle, un concours .. J’ai pu trouver le temps d’aider les copains à concrétiser certains de leurs projets, comme avec mes camarades d’Alambig Electrik par exemple. Parallèlement, le duo avec Thomas (Moisson) a pris pas mal d’ampleur, après le concours de Gourin, et m’a permis de jouer un peu partout et… assez souvent !

Le succès du duo Landat/Moisson a été assez fulgurant. Dis-nous tout !Landat&Moisson 04821 ∏ Eric Legret
Thomas, c’est un peu le petit frère. En plus de la complicité musicale, il y a une vraie complicité humaine qui est primordiale. Je pense que la formule accordéon mixte/chant est assez originale et plaît beaucoup. Notre choix d’un répertoire impactant et « roots », sans trop de fioritures mais suffisamment rentre-dedans rythmiquement pour les danseurs doit y être pour quelque chose aussi. Bien que certains thèmes soient des « saucissons », on a tenté de rendre à ce répertoire à forte identité une certaine « fraîcheur » ! Finalement, tout est renouvelé à chaque fest-noz parce que ce n’est jamais le même tempérament chanté, ce n’est jamais la même ambiance, ce n’est jamais le même état physique, la même humeur, la même envie… et il faut intégrer tout ceci dans ce que l’on offre aux danseurs. Tu chantes avec ce que tu es à l’instant T. C’est ça la vérité du moment ! Avec Thomas, on n’a jamais triché là-dessus, on a donné tout ce que l’on pouvait. Cette authenticité nous a ouvert beaucoup de portes, par le bouche à oreille, comme une sorte de marque de fabrique que l’on a essayé de retranscrire sur nos deux disques.
Au départ, on a eu la chance de toujours pouvoir choisir les endroits où l’on se produisait et on a eu du plaisir de jouer pour des causes qui nous tenaient à cœur, à des veillées, pour des cercles, chez des copains…Plus tard, Lenn Productions nous a beaucoup aidé sur le plan logistique et administratif. Et puis il y a eu la Tournée Breizh Amerika 2016, une belle aventure tant humaine que musicale.

Le duo a annoncé sa séparation en fin d’année. Rassure-nous, ce n’est pas un clap de fin définitif ?
Non. Rien de définitif ! Thomas voulait depuis quelques temps déjà réaliser son « rêve américain ». La fréquence de notre présence en fest-noz va forcément en être réduite mais on continuera de jouer ensemble dès qu’on le pourra, c’est promis !
Cela va nous permettre à l’un et à l’autre d’appréhender de nouveau horizons de créativité, d’avoir du temps pour penser à la musique et au reste. En ce qui me concerne par exemple, je peux me remettre à l’écriture, bosser de nouvelles techniques …

Du coup, quels sont tes projets ?
Pour le moment, je participe à Karonova, dernière création du Bagad Penhars. J’y fais des choses que j’adore : du chant, du récitatif, du slam… Parallèlement avec une super « dream-team » de sept autres chanteurs/chanteuses, je travaille pour Korriged ‘Ys de Douarnenez, sur le spectacle Treizour, mélange entre danse traditionnelle et danse contemporaine, mené par Cécile Borne et Gildas Sergent. On travaille autour des notions de passage, de transmission, d’identité. C’est un projet riche et vivifiant.
Pour ce qui est de la musique à danser, on se lance avec mon vieux complice Sylvain Barou dans une formule chant/flûte. C’est peu conventionnel mais on se connaît bien avec Sylvain et que je sais que ça va être du vrai kan ha diskan. Il est probable que cette formule se développe avec d’autres instruments au cours du temps . Bien sûr, il y a aussi Feiz Noz Moc’h, notre projet rock ‘n roots britto-gascon.Un second album, plus « Blues », autour du thème de la complainte va sortir prochainement . Enfin, du kan ha diskan certainement aussi et quelques surprises.
FIL1996

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