Interview préparée avec Ludovic Rio
Kafe Koefet: 10 ans, ça se fête rue Delambre les 17, 18 et 19 Mars. Rencontre avec Erwan Quintin, Cyril Guiguian, Thomas Fortin et Fanch Péron.
D’où vient le nom de votre groupe?
Erwan : On cherchait un nom, une expression qui sonne bien, qu’on ne trouve pas forcément dans le dictionnaire, on voulait quelque chose qui ait une signification. On est quelques-uns à parler breton dans le groupe mais pas de manière courante, je me suis un peu renseigné autour de moi. Une amie, Awenn Plougoulm, m’a fait plusieurs propositions dont Kafe Koefet. Nous en avons rediscuté avec, à ce moment-là, Cyril et Ludo et avons trouvé ça plutôt sympa: Kafe Koefet. On est un groupe de Paris, y’a les cafés à la parisienne, on trouvait que ça faisait sens avec ce que nous voulions faire.
Et vous pensiez fêter vos dix ans ?
Erwan: On ne pensait rien du tout. Sincèrement, au tout début, je me suis retrouvé dans les caves St-Sabin dans des sessions folk et on m’a présenté un gars qui était breton, Ludovic Rio, et qui voulait bien faire des sessions bretonnes. On se mettait dans une petite salle à côté et tous les deux on se faisait notre session bretonne et quelques personnes se joignaient à nous. On a dû faire ça 2-3 fois. Puis, quand on a su qu’il y avait des sessions au Ti Jos, on y est allé aussi. Très rapidement, comme on s’entendait bien, on s’est dit : « en duo, c’est bien mais on aimerait bien qu’il y ait un guitariste ». On a rencontré Cyril qui était motivé. C’est pour ça aussi qu’on veut commencer notre week-end d’anniversaire par une session au Ti Jos le vendredi soir, c’est symbolique.
Au début, on était plutôt un groupe qui jouait en session et animait quelques festoù-deiz et festoù-noz mais sans forcément chercher les arrangements, on jouait un peu « mode session ». Après comme on commençait à jouer un peu plus, on a bossé les arrangements. On jouait, on passait des bons moments ensemble, il n’y avait aucune projection.
Votre façon de travailler a-t-elle évolué pendant ces dix ans ?
Cyril : Au début, on répétait et on faisait session au Ti Jos en même temps : on venait plus tôt que l’heure officielle pour qu’on ait le temps de répéter tous les 3 dans la cave, au bar. Après les gens arrivaient au fur et à mesure et ça partait en bœuf. Quelquefois on répétait un morceau en particulier et si on répétait trop longtemps le même morceau, le patron du Ti Jos nous engueulait.
Erwan : Et comme les gens savaient qu’on était là tôt, les gens venaient à la session de plus en plus tôt donc la répé était de plus en plus courte.
Cyril : A partir de ce moment-là, il a fallu qu’on trouve un autre système pour répéter pour qu’on puisse avoir plus de temps. On a aménagé un studio chez mes parents. Jusqu’à leur départ en retraite en Bretagne.
Thomas : Mon arrivée dans Kafe Koefet a aussi modifié les habitudes de travail puisque, vivant en Bretagne, l’aire géographique des membres du groupe s’est largement étendue. On a plus axé le travail sur des week-ends plus espacés mais plus denses. Les projets de disques aussi nous ont fait travailler d’une autre manière et ont fait progresser le groupe.
Erwan : Depuis lors, les répés sont programmées, planifiées avec les morceaux à travailler au long du week-end pour être efficace. Entre chaque répé, on a chacun un boulot personnel à faire.
Thomas parlait de CD, avez-vous un nouveau CD en projet ?
Cyril : On fonctionne projet par projet: un sortie de CD, une carte blanche, l’organisation d’un gros fest-noz, … ça demande beaucoup de temps, c’est pour cela aussi qu’on a fait rapidement appel à Nathalie qui s’occupe de notre com’, de l’organisation, ça nous libère du temps pour la musique. Le projet en cours, c’est les 10 ans, une fois que ce sera passé, on pourra attaquer un nouveau projet.
Erwan : Il y a eu un changement notable dans le groupe : Ludo a arrêté et Fanch a repris sa place. Ce sont deux accordéons chromatiques mais qui ne jouent pas du tout pareil. Ça a été l’occasion pour nous de renouveler une bonne partie du répertoire. Je ne sais pas si on fera un nouveau CD mais du coup, on a de la matière pour. On passe déjà nos 10 ans, puis on verra. Cet événement à venir nous a également permis de travailler sur une nouvelle formule en septet et ça aussi ce sont des éléments qui pourraient figurer sur un futur CD.
La formule en septet n’est-elle montée que pour les 10 ans ?
Cyril : On a voulu proposer quelque chose d’exceptionnel pour les 10 ans, monter une « grosse formule » pour l’occasion. Comme on s’est tous investis et que ça se passe bien entre nous, on se dit que ça serait dommage de s’arrêter aux 10 ans et on essaie de trouver des dates avec eux.
Thomas: Chaque projet que ce soit une nouvelle formule ou un CD, c’est l’occasion de proposer quelque chose de nouveau autour de la musique à danser ou de la musique de concert. Les morceaux sont revus, ça nous fait travailler de nouveaux pans de notre musique qu’on serait heureux de proposer à tous les organisateurs qui seraient intéressés par cette nouvelle formule.
Qui sont les nouveaux dans le septet ?
Erwan : Ça faisait un moment qu’on se disait que ça ferait du bien d’avoir une basse ou une contrebasse dans le groupe. Ça nous rappelait un peu le jazz où la contrebasse est souvent accompagnée de percus plutôt légères. Un peu aux antipodes du jazz, on a pensé ajouter un biniou pour renforcer les thèmes toujours dans le souci de faire danser les gens avec l’énergie et les impulsions.
Fanch :Aux percus, on a pensé à Pierre Le Toux parce qu’on aime bien son jeu et que j’ai joué avec lui dans Roll ma yar.
Erwan : Ludovic Kernin nous avait été chaudement recommandé et avait l’habitude de jouer avec Pierre. Puis au biniou, on a pensé à Yann Boulas qui est un copain et qu’on connaît depuis longtemps. [Fiche de Kafe Koefet septet]
On n’a pas parlé du programme de votre week-end d’anniversaire.
Nathalie : Tout se passe rue Delambre .
Le vendredi aura lieu une session au Ti Jos. Le samedi et le dimanche se dérouleront à la Mission Bretonne qui s’est beaucoup impliquée dans cet anniversaire.
Le samedi, c’est une soirée cabaret qui sera présentée par Gaël Billien. Il y aura Claude Devries aux gwerziou, Jean-Marie Juhel aux complaintes et Pierre Demetz pour les contes, le groupe Dadgad Kafe, du piano-jazz avec Romain Daden, du swing manouche avec Jérémy Perrin. Kafe Koefet se produira en concert avec des invités bien sûr. La soirée se terminera par un mini-fest-noz.
Le dimanche, ce sera fest-deiz, la programmation se trouve sur Tamm-Kreiz. Évidemment, Ludovic Rio viendra jouer en solo parce qu’on ne pouvait pas faire les 10 ans de Kafe Koefet sans lui. Kafe Koefet sera à cette occasion en formule septet avec des invités aussi.
Cyril : Par exemple, il y aura Claude Devries. Ça fait des années qu’on le connait tous et on n’avait pas encore eu l’occasion de l’inviter.
Erwan : On aurait bien fait venir plein d’autres gens, qui sont des amis, qui comptent dans l’histoire du groupe mais pour cela il aurait fallu une semaine d’anniversaire.
Au bout de 10 ans, avez-vous toujours le trac?
Erwan : Ca dépend des événements. Quand on a joué à Yaouank, j’avais le trac même si ça s’est très bien passé.
Fanch : Toujours.
Thomas : Y’a toujours une petite tension mais c’est ça aussi qui nous permet de nous concentrer.
Cyril : Non, moi j’ai envie de jouer, j’ai hâte à chaque fois.
Erwan : C’est chouette une interview comme ça. Je découvre un petit bout de plus de Cyril!
Nathalie : J’ai le trac à chaque fois. Eux ont le trac jusqu’à leur montée sur scène. Moi, ça dure tout leur passage.
Quels sont vos meilleurs et pires souvenirs de ces 10 ans?
Nathalie : Meilleur souvenir, c’est quand j’ai joué sur scène avec eux pour la sortie du deuxième CD. Pire souvenir, la dernière avec Ludo, ça a été dur.
Thomas : On ne peut pas résumer 10 ans de la vie d’un groupe en pire et meilleur souvenir.
Fanch : Mon pire souvenir, c’est quand Nathalie a joué avec vous car je n’étais pas là pour voir ça.
Cyril : Mon pire souvenir, c’est la sortie du premier CD à Courbevoie où j’ai cassé ma corde et que je n’en avais plus en stock, c’était pendant le bal sur une suite. Heureusement qu’il y avait Anthony Quillivic et sa guitare. Le meilleur, ce n’est pas forcément une date précise, ça peut être une répé, un trajet.
Erwan : Quand on a joué à Cachan, c’était notre premier gros fest-noz. On avait surement le trac mais on a attaqué par le Kas a barh et les gens gueulaient et c’était formidable.