Gurvan, la fin de l’aventure IMG a été annoncée il y a déjà pas mal de temps. La date de Yaouank sera pour vous « la der des der ». Dans quel état d’esprit préparez vous ce dernier passage ?
Ben un peu étrange. On prépare une grosse date, avec plein de featuring et donc pas mal de boulot de préparation. Pourtant, c’est plus pour le fun que pour autre chose car cette dernière date n’est pas faite pour en appeler d’autres comme c’est le cas d’habitude avec les soirées Yaouank.
Donc on prépare notre tambouille, j’espère que le public s’y retrouvera.
En dehors de son caractère unique de métissage reggae/ska/fusion, IMG avait la particularité de porter un répertoire encore peu mis en valeur et travaillé dans des projets ambitieux, très ancré Haute Bretagne. Alors bon, vous avez enfin fini par comprendre que la vraie danse bretonne c’est pas les avant-deux, ou quoi ?
Ah, la danse bretonne, je ne sais pas, mais les avant-deux c’est quand même super fun à danser. A ce niveau IMG n’est qu’un groupe gallo parmi d’autres, puisque Kendirvi ou Hamon-Martin et plus récemment Kaïffa ou Beat Bouet Trio ont aussi fait de très belles créations autour de ce répertoire de Haute-Bretagne. IMG a peut-être contribué un peu à remettre notre répertoire de l’Est au goût du jour et c’est tant mieux.
Plus sérieusement, d’après toi, qu’est-ce qui manque encore pour que la Haute Bretagne prenne enfin pleinement sa place sur la scène fest-noz ?
Des Sonneurs et du public nom de diou !
L’un ne va pas sans l’autre. On ne peut pas demander aux bas-bretons de faire danser la quadrette ou le paludier.
C’est aux sonneurs de Haute-Bretagne de le faire. Si le répertoire du Kreizh Breizh domine autant, c’est aussi que le fest-noz est plus développé là-bas qu’en Ille & vilaine. Et je ne parle pas du 44 où les soirées fest-noz sont beaucoup moins fréquentes. Cet écart à toujours été visible même à la grande époque du fest-noz.
IMG aura quand même été un groupe qui aura marqué son époque. Sa disparition va probablement laisser un vide. D’après toi lequel, et par quoi/qui peut-il être comblé dans les années à venir ?
Ben je voudrai
s pas avoir l’air de faire la pub, mais d’autres groupes surgissent de la fin d’IMG. J’ai cité Beat Bouet Trio, qui est actuellement la formation avec laquelle je joue le plus, mais je travaille aussi avec le groupe Shebeen (reggae roots). Les deux groupes sont issus d’une réflexion entamée par IMG, hip-hop pour l’un et reggae pour l’autre. IMG a toujours été un groupe entre deux et c’est quelque chose que je regrette.
Les autres gars ne sont pas en reste, Victor (basse) et Julien (Sax) ont monté DS Band avec Alex Sallet (accordéon) et Yves-Marie Denis (Bombarde) qui commence à jouer dans les soirées du pays. Julien et Yves-Marie jouent aussi en duo sax/accordéon.
Daniélo, notre accordéoniste joue depuis quelques années avec Kinkons qui sera aussi là à Yaouank.
Cette dernière date à venir est l’occasion de donner un coup de rétroviseur sur le parcours du groupe. En 13 ans d’activité, IMG a sillonné la Bretagne de festoù-noz en concerts, si tu avais 1 ou 2 concerts a retenir, lesquels seraient-ils?
C’est un peu compliqué vu qu’on en a fait un paquet, un peu partout en Europe.
Il y a les Yaouank, évidemment, surtout en 2008 quand ont a invité Micronologie sur scène avec nous. C’était quand même la première fois qu’on groupe de rap montait sur une scène fest-noz, avec en plus le public qui monte sur scène. Je pense qu’on a fait fort cette année là. J’ai appris beaucoup avec les MC’s de Microno.
Sinon on pourrait citer le festival de Notre-Dame-Des-Landes, qui symbolise à la fois notre engagement militant et notre accession à certaines grosses scènes de festival.
Le chanteur du groupe IMG. Festival Yaouank.
Le ska, le reggae en festnoz, c’était et ça reste complètement atypique. Certains font juste des clins d’œil à ce registre musical alors que vous avez développé une démarche cohérente et novatrice de vrai dialogue avec la danse traditionnelle. Comment le groupe était-il perçu à ses débuts?
Je trouve que ça c’est plutôt bien passé. Le concept était assez nouveau, et malgré notre inexpérience (18 ans de moyenne d’âge) on a assez vite été amenés à jouer. A l’époque, vers 2002-2003, le fest-noz marchait très bien et on a profité de ce contexte.
Il y avait bien quelques râleurs mais en fait, le public de fest-noz, jeune ou moins jeune, est très ouvert à l’innovation, surtout en Haute-Bretagne.
Pour Yaouank, faut-il s’attendre à des surprises ? Des morceaux que vous n’avez pas joué depuis longtemps ?
Yep, on va pouvoir retrouver des morceaux de tous les albums et une bonne partie des anciens musiciens et featuring du groupe.
IMG arrête en partie du fait de la difficulté de faire tourner des groupes avec beaucoup de musiciens, et tu tournes à l’inverse beaucoup avec ton nouveau projet Beat Bouët trio. D’autres groupes comme Plantec ont fait le choix d’une formule resserrée, plus facile à vendre aux organisateurs. Y a-t-il encore une place pour les grosses formations en fest-noz d’après toi ?
Je pense qu’il y a de la place pour des grosses formations mais pas avec plein d’intermittents. C’est le mode choisi par Digresk et cela fonctionne. Pour les groupes à 100% pro, la formule à 3 ou 4 est plus réaliste.
Après Yaouank, y a-t-il d’autres événements, discographiques ou autres, qui clôtureront l’épopée IMG ?
Le groupe sortira un best-of à l’occasion de Yaouank que vous pourrez retrouver à notre stand dans le Hall 5. Pour moi, l’aventure IMG sera définitivement terminée après le 22 novembre 2015.
Un petit mot aux festivaliers qui seront sans doute près de 7000 à célébrer avec vous ce dernier moment de partage ?
Je dirais merci aux fans, dont certains nous suivent depuis des années.
Je dirais lâchez rien et brûlez tout à ceux qui écoutent les paroles.
Je dirais venez plus souvent en fest-noz à ceux qui ne viennent qu’à Yaouank.
Je dirais Berteyn Libre et sans Etat comme d’habitude.
Merci, et vivement le 21 !
