Rencontre avec Guillaume Blain, musicien bien connu du Pays nantais et bien au dela. Guillaume s’est vu proposé une carte blanche sur CanalBreizh, l’occasion pour nous de revenir sur son parcours et parler de ses projets.
Guillaume peux tu nous retracer ton parcours musical?
Dès ma naissance à Nantes en 1976, j’ai été bercé par la musique bretonne, que mes frères et sœurs (bien plus âgés que moi) me faisaient écouter. Des groupes comme Sonerien Du, Diaouled ar Menez, et surtout Tri Yann. Mais finalement ça m’est passé très vite, mes goûts musicaux des années 80 sont plus situés entre Goldman, le Top 50, Mickael Jackson et les Beatles !
Je n’ai commencé la guitare qu’en janvier 1993 à presque 17 ans. Avec mon copain de lycée Guillaume Hallereau je jouais du Renaud, puis rapidement j’ai redécouvert Tri Yann, un véritable effet de madeleine de Proust, dans cette période où la musique bretonne était en plein revival. J’ai aussi découvert que je pouvais chanter…
Nous avons été embrigadé par un autre collègue de lycée Guillaume Bassompierre dans le cercle celtique de Clisson en septembre 1993 en tant que danseurs (j’y suis d’ailleurs toujours musicien), ce qui m’a fait très vite découvrir sérieusement le monde du fest-noz et les groupes Storvan, Ar Re Yaouank, Carré Manchot, Gwerz, etc. En février 1994 avec les deux autres Guillaume nous avons créé An Tri Gwilhom (on ne ricane pas svp…), rapidement rejoints par Jérôme Duclos et Gino Joubert. En avril de l’année suivante on change de nom, c’est la naissance du groupe Emsaverien avec l’arrivée de Claire Leyzour.
Parallèlement je me suis découvert une véritable passion pour la musique irlandaise avec le groupe Beltaine dans lequel j’ai joué de 1999 à 2012. Puis participé à différents projets, Kelien, Lyre des Landes, et différents duos et trios autour des musiques bretonne et irlandaise (avec Fred Bouley, Erwann Tobie, Barberine Blaise, etc.).
En mai 2007 le groupe Emsaverien s’arrête, Claire et moi avions envie de continuer à jouer ensemble, la transition est finalement très naturelle. D’autant plus que nous avions déjà joué un peu en duo, vers 1997 quand nous étions à la fac de breton de Rennes, où nous animions les festoù-noz de l’asso des étudiants de breton Kejadenn. Festoù-noz organisés dans les salles préfabriquées de la fac par un certain Glenn Jegou…
Cette même année de transition Emsaverien /Blain-Leyzour j’ai eu la chance d’intégrer à la guitare électrique l’orchestre de Jean-Claude Crystal jusqu’en 2012 et le groupe de rock pour enfants Machin Bidule Chouette avec qui je joue toujours. Puis l’année suivante le collectif Jeu à la Nantaise. Bref, beaucoup de belles rencontres qui m’ont permis d’être intermittent du spectacle depuis 2001.
Voilà maintenant 10 ans que tu tournes en duo avec Claire Leyzour, un duo très apprécié, explique nous les raisons de ce succès?
C’est difficile à analyser, c’est sûrement la concordance d’un ensemble de facteurs qui fait que cela fonctionne. On essaie de faire passer dans nos 
morceaux nos goûts musicaux qui sont très éclectiques, ça aide à rattacher le plus grand nombre à notre cause ! Nous attachons beaucoup d’importance au choix des mélodies, et aussi à la dansabilité, au respect des subtilités rythmiques qui font l’originalité de chaque danse. Je pense que ça aide énormément de savoir danser quand on est musicien de fest-noz, mais attention loin de nous la prétention d’être les rois des dance floor bretons !!
En plus de cela nous avons une formule de duo originale, qui fait que c’est plus facile de sortir du lot. Originale par les instruments, violon, guitare et chant, et aussi par le répertoire, on adore faire partager les danses de notre pays nantais et du nord Vendée tout près de chez nous.
Et puis après l’expérience Emsaverien, notre but immédiat a été d’essayer de faire autant de bruit qu’un groupe, ça a tout de suite fait son effet, en tout cas ce sont les retours que nous avons eu. La simplicité dans l’attitude et dans la musique compte beaucoup aussi. Nous avons bien conscience de ne pas être des virtuoses, il faut bien réussir à mettre en avant d’autres atouts.
2017, pensez-vous fêter les 10 ans du duo ou est ce juste anecdotique?
Nous n’avons pas vraiment communiqué là-dessus pour le moment. Je remarque que d’autres groupes sont très fort en communication d’anniversaire, je leur tire mon chapeau !
Nous y réfléchissons néanmoins depuis longtemps, il y aura certainement un événement. Officiellement nous tournons sous le nom « Duo Blain-Leyzour » depuis le 1er septembre 2007, c’était Alain Raballand de Sucé-sur-Erdre qui nous a fait confiance en premier en nous invitant au fest-noz des rendez-vous de l’Erdre. Ça nous laisse encore un peu de temps de voir venir, nous aurons 10 ans pendant 12 mois !!
Bien sûr Tamm-Kreiz sera au courant très tôt !
Il y aura aussi un CD, notre premier commence à dater, on y travaille..
Comment perçois tu le fest-noz aujourd’hui en pays nantais, maintenant que des groupes comme Emsaverien ou Esquisse ont cessé leurs activités ?
Quand Emsaverien s’est arrêté, le public, les organisateurs et les copains musiciens nous ont dit qu’on allait manquer au paysage des festoù-noz nantais. Sur le coup ce n’est pas à ça qu’on a pensé. Mais par contre c’est la première réflexion que je me suis faite quand Talar ou Esquisse ont arrêté. Et je pense qu’on a tous laissé, au moins pendant une certaine période, des vides qui n’ont pas été comblés.
Sans forcément parler de groupies, il y avait beaucoup de gens qui nous suivaient, si l’un de ces groupes étaient à l’affiche en pays nantais, la réussite de la soirée était assurée. Je pense que ça a été problématique pour les organisateurs à budget restreint qui ont du modifier la façon de faire leur programmation, chercher des têtes d’affiches plus éloignées, plus chères, ou trouver d’autres manières de faire venir le public.
Avec Claire nous jouons moins en pays nantais, ce n’est pas facile d’être objectif, mais j’ai l’impression qu’il continue à y avoir un turnover régulier du public, des jeunes ou moins jeunes qui arrivent, d’autres qui partent pour raisons professionnelles ou familiales, qui reviennent, qu’on retrouve ailleurs, des piliers jeunes et moins jeunes qui restent et assurent la transition. Certes la moyenne d’âge est un peu en augmentation à l’heure actuelle, comme partout en fest-noz, le public un peu moins nombreux, une partie privilégie les gros événements, et vient moins de façon régulière. Nous ne sommes pas au sommet d’une vague et dans le pays nantais comme ailleurs le fest-noz manque de groupes « locomotives ».
Mais depuis quelques temps par chez nous on voit des nouveaux groupes émerger, des musiciens d’anciens groupes remonter des nouvelles formules prometteuses. A côté de ça on voit de jeunes formations se lancer dans l’aventure, et on voit des nouveaux noms de plus en plus souvent sur les affiches, ça fait plaisir. D’autant que j’ai la certitude que c’est plus compliqué de se lancer que dans les années 90. Au vu de ce qu’on proposait à nos débuts avec Emsaverien, à l’époque actuelle nous aurions eu beaucoup plus de mal à se placer dans un fest-noz. Et pourtant c’est en grande partie sur scène que l’on progresse. Les organisateurs sont peut-être plus frileux dans la conjoncture actuelle.
Sur CanalBreizh, nous t’avons laissé « Carte blanche ». Cette carte blanche sera diffusée le vendredi 03 février.
Sans en dévoiler le contenu, comment as tu fonctionné pour programmer ton set de 02h00?
Sans garder un ordre chronologique, j’ai essayé de choisir les groupes, chanteurs(-euses) ou musicien(ne)s qui m’ont influencés dans mon parcours musical, et/ou qui me touchent particulièrement. Ce n’est pas vraiment représentatif du paysage musical actuel des festoù-noz, mais n’allez pas croire qu’il ne m’intéresse pas ! Je crois qu’il y aurait eu un tas d’autres façons d’aborder la carte blanche.
Un dernier mot pour conclure?
Continuez à venir partager des bons moments avec nous tous les samedis !
