Ils ont fêté leurs 25 ans de scène début septembre en réunissant autour d’eux tous ceux qui depuis tant d’années les soutiennent, les accompagnent, les admirent … Janick et Erwan, le fameux Duo Hamon/Martin, connus bien au-delà des frontières de l’hexagone reviennent sur leur parcours.
Pouvez-vous nous raconter votre rencontre ?
Erwan Hamon : Janick et moi, alors que nous étions encore des gamins, nous nous sommes croisés dans les mêmes fêtes comme la Bogue d’Or ou le Kan Ar Bobl. Janick participait aux concours en soliste d’accordéon, et moi à l’époque je jouais déjà un peu avec Yannig Noguet. En juillet 1991, il y a donc 25 ans pile, nous devions participer à la fête des Chants de Marins à Paimpol avec mon frère Mathieu, mais Yannig était parti en vacances en famille et n’était pas disponible et nous avons donc demandé à Janick de le remplacer pour l’occasion. Nous avions 12 et 13 ans. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés !
Comment expliquez-vous votre succès dès votre plus jeune âge ?
Erwan : Nous avons eu l’opportunité de jouer sur des scènes importantes dès le collège, par l’intermédiaire des JMF (Jeunesse Musicales de France) qui était une sorte de concours en lien avec l’Education Nationale dans les collèges et lycées, auquel nous avons participé d’abord à l’échelle régionale, puis Nationale avec un concert au cirque d’hiver à Paris puis des représentations en Suède, Belgique… Cela a été une expérience très enrichissante, formatrice et passionnante.
Janick Martin : soyons réalistes, notre engagement et notre réussite musicale n’aurait pas été le même si nos parents et nos familles ne nous avaient pas soutenus depuis le départ. Quand il y avait un cabaret ou un fest-noz, c’était toute la famille qui se déplaçait. Un vrai sacerdoce familial.
Et après ?
Erwan : Pendant ces années nous continuions à jouer en quartet avec Mathieu qui jouait de la guitare et un violoniste, à petite dose et quand mon frère s’est orienté vers d’autres horizons, à l’époque de la création de Katé-Mé, nous avons essentiellement tourné en duo. Jusqu’en 2001 où nous avons monté le quintet Hamon Martin. Cette évolution s’est faite de manière naturelle, sans préméditation. Et puis quelque part, le duo a toujours continué de tourner en parallèle, par volonté d’abord mais également parce que le fonctionnement est plus simple pour les répétitions, pour la création musicale.
Pendant ces 25 ans, quels sont les musiciens qui ont compté le plus pour vous ?
Janick : je crois que nous ne serions pas devenus ce que nous sommes sans les personnes qui nous ont transmis leur passion : Ronan Robert ou Gazman pour moi, Christophe Caron, Jean-Michel Veillon, Yannick Allory pour Erwan. Ce sont des musiciens qui ont façonné notre façon de faire. Nous avons toujours été curieux et gourmands d’apprendre. A chaque rencontre avec d’autres musiciens, que ce soit dans une relation de prof à élève ou dans le partage d’une scène, nous avons appris, nous nous sommes enrichis : de la recherche d’un son propre, à l’acquisition de la technique, chaque rencontre nous apporte quelque chose.
Pour ma part, apprendre l’accordéon avec Ronan Robert a été passionnant : il a senti très vite que je m’ennuyais un peu et que la musique me permettait de m’épanouir et grâce à des méthodes parfois peu académiques, il a su me donner l’envie : on passait parfois le cours à discuter, sans jouer ou alors il me demandait de lui apporter un morceau que j’aimais et on le travaillait ensemble.
Erwan : à titre personnel, la rencontre avec Christophe Caron a particulièrement été déterminante. Il était un joueur de bombarde assez exceptionnel, qui passait de la musique classique ou baroque à la musique bretonne, à la danse. Il avait un jeu de bombarde très original, une interprétation musicale très particulière, essentiellement sur les mélodies. C’est vraiment lui qui m’a appris énormément, sans lui je n’aurais pas cette esthétique là. Il a été mon Maître !
Et comment est née l’envie de jouer ensemble ?
Janick : là encore l’influence de nos professeurs mutuels a été très importante. A l’époque, il y avait beaucoup de musiciens confirmés de notre âge qui se contentaient de se présenter aux concours en solo, qui n’avaient pas de projet de groupes. Moi, Ronan m’a toujours poussé à aller vers les autres, à jouer avec d’autres. C’était bien plus stimulant, nous avions envie de monter sur scène pour faire danser les gens, de partager autre chose. Ce que j’ai appris avec ces professeurs dépasse clairement le cadre strict musical, l’humain a été absolument fondamental.
Erwan : nous avons également développé très vite une autonomie dans les suites que nous avions envie de créer. Déjà à 12 ou 13 ans nous aimions nous retrouver pour monter notre propre répertoire. Nous avions la curiosité et étions ouverts : Mathieu nous chantait des morceaux issus du collectage, nous écoutions Ricardo Tesi et essayions de reproduire ces thèmes. Je crois que déjà à l’époque nous avions envie de créer notre propre esthétique.
Comment définiriez-vous votre univers musical ?
Erwan : pour Janick comme pour moi la notion de répertoire est essentielle, fondamentale. Nous restons très attachés à la mélodie, au thème et nous n’avons pas juste envie de faire des arrangements, de la mise en place. Dès le départ, je crois que nous avons été sensibles au mélodique, au choix des morceaux que nous avions envie de jouer. Même après 25 ans, de manière naturelle, nous apprécions de jouer aussi bien des compositions que des airs traditionnels. Nous essayons de faire quelque chose de nouveau dans l’esprit mais sans renier la tradition, au contraire.
Janick : nous apportons juste un peu d’eau au moulin. Quand un de nos morceaux est repris et qu’il est traité et considéré comme un morceau traditionnel, cela nous apporte beaucoup de fierté. Nous cherchons à ce que les thèmes que nous composons ne puissent pas forcément porter l’étiquette de « composition récente ». Nous aimons qu’ils soient chantables ou « sonnables », mais surtout que ce soit fait de manière naturelle.
A lire également : Hamon Martin : 25 ans d’amitiés !