Régis Huiban & l’Ensemble des imaginaires

EDI-Couv-CD

Peux-tu me tracer un bref parcours de toi, ton histoire de vie avec ton accordéon, ton nombre d’albums ?
Mon apprentissage de cet instrument commence en 1984, en école de musique dédiée uniquement à l’accordéon musette. Plus tard au lycée, je me retrouve en fest-noz avec le groupe Tan Ban Ti, un début vers la professionnalisation… En 1994, j’arrête les études et décide d’être sur scène à plein temps. Tout s’enchaine : les rencontres avec de nombreux artistes, les concerts, les festoù-noz, les arts de la rue, le théâtre musical, les stages de jazz, les spectacles jeunesse, la réalisation d’albums… Waiting for tea time est le 18e (tous groupes confondus).

Régis Huiban & l’Ensemble des imaginairesQu’évoquent le titre et la photo de ton tout nouvel album avec L’ensemble des imaginaires ?
Une certaine indolence et un peu de mystère. Les paysages du photographe Serj Philouze me plaisent (ils sont d’ailleurs sur les pochettes des derniers CD de Wipidoup et Skolvan).
Waiting for tea time est le titre à la fois de l’album et d’un morceau composé il y a 3 ans. Une allégorie de nos musiques, celles qui nous font attendre des jours meilleurs.

Comment s’est fait le choix des musiciens qui t’accompagnent autour de cet album, riche de sonorités diverses ?
Les sons ont leur importance bien évidemment mais l’humain aussi. Il y a dans ce groupe des musicien(ne)s avec qui je travaillais déjà sur d’autres projets comme Philippe Gloaguen (guitares), Pierrick Tardivel (contrebasse, ‘ngoni) et Mathilde Chevrel (violoncelle). Sur certains morceaux je souhaitais des percussions (comme les tablas ou le bendir), j’ai donc sollicité Jérôme Kerihuel. Enfin, Geoffroy Tamisier a accepté mon invitation, j’avais déjà entendu son timbre de trompette incroyable auparavant avec Jacques Pellen ou dans le trio Lagrimas Azules. Cette dream team n’est pas figée, et sur l’album elle est augmentée de 6 invité(e)s : au chant, Nolùen Le Buhé et son frère Gildas, avec qui je joue depuis longtemps sur d’autres répertoires ; Vincent Mascart, étonnant saxophoniste rencontré en festival de jazz ; Brian Ruellan, ici au bugle, qui avait assuré un remplacement de Geoffroy lors d’une résidence de création ; Jeff Alluin à qui j’ai confié un solo de piano sur un titre entier ; et enfin Sylvain Barou, qu’on ne présente plus, maitre du souffle et talentueux joueur de duduk, instrument arménien que j’apprécie beaucoup.

La situation sanitaire vécue l’année dernière et durable a-t-elle eu un effet sur l’inspiration de tes compositions et thèmes traditionnels, thèmes issus du milieu breton ?
La plupart des morceaux ont été composés avant la crise sanitaire. C’est l’annulation des concerts qui a mis à mal nos projets, nos ambitions, notre moral. Les longs moments de confinement m’ont poussé à boucler l’écriture, les arrangements et organiser les répétitions et les séances studio.

Ce sont surtout les histoires qui m’inspirent, les failles de certains personnages, les anecdotes et faits du passé, certaines complaintes.

Voudrais-tu me parler d’un morceau de l’album en particulier ?
L’homme de cuir (1er titre) pourrait être, comme Henri Bugais cité à plusieurs reprises sur l’album, un personnage imaginaire. Il a pourtant bien existé aux Etats-Unis dans la seconde moitié du 19e siècle, sous le surnom Leatherman. Ce vagabond, vêtu d’un manteau de pièces de cuir récupérées et cousues les unes aux autres, marchait beaucoup et parlait peu. Ce qui a suscité l’intérêt des journalistes, c’est son circuit sur plusieurs états du Nord de la Nouvelle-Angleterre, répété pendant une trentaine d’années, et surtout sa régularité. Il était repéré aux mêmes endroits aux mêmes moments.

Ce morceau ouvre ainsi l’album sur un ostinato, et l’homme de cuir nous rappelle que tout est cyclique, que rien n’arrête le voyageur sans souci. Le texte en breton, composé par Gildas Le Buhé pour ce morceau, le souligne également.

Que pouvons-nous te souhaiter pour la suite ?
Que cette musique voyage autant que possible, que tous les artistes – je les remercie au passage de s’être investis dans mon délire – aient la scène grande ouverte, qu’on aille à la rencontre des publics sans subir de décisions arbitraires du gouvernement

Régis Huiban & l’Ensemble des imaginairesWaiting for tea time
(prod La Compagnie des Possibles / distr. L’Autre Distribution)

Propos recueillis par Laetitia

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