Spontus, un nouveau répertoire en vue

SPONTUS

Youen, le groupe Spontus est né il y a 25 ans d’une formation quasi identique à celle d’aujourd’hui. Plus qu’une passion pour la musique traditionnelle bretonne, comment expliques tu ce lien d’attachement entre vous, musiciens de Spontus?
Oui, les musiciens d’aujourd’hui étaient présents à l’origine du groupe. Déjà, pour rassurer les danseurs, c’est toujours une passion pour nous que de travailler cette musique qu’on nous a transmis quand on était gamins. C’est aussi vite devenu passionnant de « faire danser », de donner du plaisir aux danseurs avec notre musique. En plus d’être une passion c’est notre métier depuis longtemps. Mais en effet, on ne va pas se mentir, il y’a un lien fort entre nous 4 parce qu’on était copains avant de commencer à jouer dans Spontus. J’étais au collège et au lycée avec Erwan, et on faisait la manche sur les marchés ensemble … Alan et Yann étaient à l’époque au collège et prenaient tous les deux des cours de « diato » ensemble… Nos parents se connaissaient, et organisaient souvent des fêtes où on jouait pour faire danser. Depuis 25 ans, on n’a fait que renforcer tous ses liens. Qu’ils soient amicaux, affectifs, professionnels … faisant en sorte de garder intacte notre passion pour la musique et notre envie d’étudier, composer, arranger au quotidien tous les 4 … En plus de faire beaucoup la fête tous les 4 ensemble. Nous avons aussi créé il y’a 10 ans le collectif « klam » qui est notre « compagnie de musiciens » et qui porte nos projets respectifs. Au sujet de la démarche artistique nous avons toujours gardé une discipline assez rigoureuse sur notre travail de la musique,
nos questionnements, nos remises en causes etc … nous travaillons beaucoup tous les 4, nous y prenons beaucoup de plaisir, et malgré les années qui passent nous sommes toujours aussi « excités » à l’idée de présenter le fruit de notre travail au public.

photoITWyouen7 albums sont nés de cette formation dont vos 2 derniers orientés davantage vers le jazz fusion. Qu’en est il de votre nouveau répertoire?
Oui c’est ça. nous venons de terminer le 8ème qui sortira au printemps. le 1er disque, on étaient « ados », c’est un disque très sympa, très dans la mouvance de la musique de fest noz des années 2000, assez sobre, proche des thèmes traditionnels. Le 2ème on l’a fait avec les chanteurs de Pluvigner … et c’est de là que nous est venue l’idée de « un jour on chantera » … on a mis 20 ans à se décider quand même. Le 3ème, c’est le disque où on commence à entendre une volonté de chercher des moments plus « libres » dans l’orchestration, avec des plages improvisées. Mais la thématique reste très proche du matériel traditionnel. Pour le disque 4, c’est la période ou j’ai vraiment commencé à composer un peu plus sérieusement ;-), avec des mélodies qui sont un peu plus éloignées de ce qu’on entend dans la tradition. C’est à ce moment là aussi qu’on a commencé à chercher des nouveaux sons avec la guitare électrique. Le disque 5, « an huneour », c’est probablement le disque où on s’est le plus pris la tête… Mon garage de l’époque a été transformé en studio pendant 6 mois, il y’avait des micros partout … mais c’était une belle expérience. Le disque 6 c’est celui avec Manu, notre pote Catalan, avec qui on a créé un répertoire de concert. Et là c’est carrément le parti pris d’utiliser la musique de danse pour faire un répertoire de concert en travaillant particulièrement sur les polyrythmies. Ce spectacle n’a jamais été pensé pour le fest-noz …même si on a du le produire devant des danseurs parfois. C’était surprenant, certains dansaient la ridée et une autre ronde dansait l’hanter-dro sur la même musique. C’était un peu ce qu’on cherchait dans les polyrythmies, mais ça n’était pas forcément le confort ultime pour la danse;-) ! le 7ème c’est notre avant dernier projet, c’est un projet de bal participatif, qui pour le coup fait danser les gens sur notre musique mais plutôt en mode « boite de nayte » ! En gros, la musique est assez proche de la musique de fest noz, mais pour les danses, il y’a des farandoles, des sortes de pogo, un slow sur un bal gavotte, les gens se roulent par terre … et apparemment ils se marrent comme des petits fous! Le tout comme tu dis, avec des influences qui tirent franchement vers le jazz, la fusion, l’impro …
Et puis le petit dernier. c’est une volonté de revenir à un repertoire plus « sage », en quartet seulement, avec du chant. Comme je le disais précédemment, c’est une histoire qui nous travaille depuis 2002 quand on a fait le disque avec les chanteurs de Pluvigner. … en gros, faire du chant à répondre et s’accompagner en même temps. Les mélodies sont donc très proches de celles chantées par les choeurs du pays vannetais (kanerion pleuigner, ruzerion, loereu ruz, trouzerion, etc ….) mais on a rajouté des accompagnements.
Les textes sont des « tubes » qu’on a retravaillés avec l’aide précieuse de Noluen Le buhé. Et pour 2 chansons, un pilé et un rond de st vincent, c’est Gigi Bourdin qui nous a écrit les textes.

Malgré le contexte sanitaire que nous traversons, celui- ci vous a t-il tout de même donné l’occasion de voir fleurir d’autres projets, autres que le répertoire dansé?
Non, justement. on a plus que jamais conscience de la richesse de la pratique de la danse telle qu’elle est dans les festoù noz. Spontanée, libre, accessible. En discutant
avec d’autres musiciens ou des danseurs professionnels, on se rend compte qu’aujourd’hui les gens dansent moins. Alors non, avec Spontus, on aimerai que ça reste de la musique pour faire danser… c’est ce qu’on s’est dit.

Le public qui vous connait et vous suit, pour la plupart depuis vos débuts semble vous être fidèle, en affinité profonde avec votre musique. Comment interprètes tu votre relation avec le public?
Notre relation avec le public de fest-noz n’est jamais aussi bonne que quand ça danse et que ça danse longtemps ! Par exemple un truc qu’on adore faire c’est jouer des super longs sets (2h30 u 3h00), c’est un truc qu’on ne peut pas faire souvent en fest-noz, et du coup on ne peut pas jouer sur un déroulé long, avec une alternance de moments intenses, de moments plus reposés, … pendant ce genre de set, c’est aussi le moment privilégié ou on ressent vraiment les danseurs… ça va carrément jusqu’à ce que l’assemblée des danseurs influe sur notre propre tempo inconsciemment… c’est assez kiffant à vivre. Notre musique évolue en même temps que notre regard sur ce qui se passe autour de nous. Notre ressenti du tempo, de notre façon de voir l’arrangement au service de la danse se modifie au fil des ans et on espère que ça continuera d’évoluer et qu’on pourra partager ça avec le public de la manière la plus sincère qu’elle soit.

Peux tu me parler de vos actualités pour les jours, les mois à venir?
On recommence à jouer après une période d’interruption un peu raide à vivre en temps que professionnel du spectacle. Donc Le 3 décembre, à Plumergat, le 10 à Brest. En janvier on joue le 22 à Pledran pour les zef et mer. On jouera aussi notre spectacle [L.A.B] à Melesse le 28 et à Pluvigner le 29 (attention ceux qui viendront pour danser la gavotte risque d’être déçus 😉 ) et ensuite le 3 février à Rennes … et d’autre dates au printemps.
Et la sortie du CD bien sûr !
Merci beaucoup Youen Paranthoen d’avoir pris le temps de répondre à cet interview!
Propos recueillis par Laetitia

Crédit photo « La photo du mardi » par Nicolas Boquel

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